
Swiss Cloud: la Confédération et son projet cloud
La Confédération suisse a décidé d’héberger une partie de ses données, et donc de nos données à tous, dans un cloud étranger appartenant à des entreprises des USA et de la Chine (Microsoft, AWS, IBM, Oracle et Alibaba). Ce projet était parti d’un constat: il était nécessaire pour une question de souveraineté de créer un « Swiss Cloud ».
Le nom était beau mais le nuage n’a plus rien de Suisse aujourd’hui si ce n’est le budget de CHF 110 Mio qui a été débloqué par la Confédération.
Pour les néophytes du domaine, je rappelle la signification du cloud. C’est le stockage à distance des données. Au lieu qu’elles soient dans votre disque dur ou dans votre infrastructure, elles sont disponibles en vous connectant sur Internet (exemples: Google Drive ou kDrive).

Je n’ai rien contre les USA, mais après leur décision de créer un vaccin uniquement pour leurs citoyens, l’impossibilité de voyager par moment pendant cette pandémie, où est la logique d’externaliser les données de notre propre pays, non pas en Europe, mais au-delà des océans?
La Suisse est une démocratie et elle se doit, selon les montants des projets, d’effectuer des appels d’offres. Cela est évidemment positif pour la mise en concurrence des entreprises et pour l’innovation. Toutefois, quand on sait que les USA mettent en place des lois comme la « CLOUD Act » ou des projets comme le programme PRISM, il est crucial pour notre indépendance en tant que pays de penser à nous.
Si une personne (morale ou physique) souhaite utiliser des programmes de la suite Microsoft et non des logiciels suisses comme le propose Infomaniak, c’est justifiable mais cette décision doit être prise par tout un chacun. Toute personne a la responsabilité de ses propres données et choisit (idéalement) où elle les héberge. Cela étant dit, il est clair que nous n’avons pas tous conscience de l’impact de la (non)sécurisation des données et c’est pour cela que la Confédération se doit de montrer l’exemple.
Vous pensez que vous n’avez rien à cacher et que la surveillance de vos données ne vous portera aucun préjudice? Détrompez-vous car un jour ou l’autre, ces mêmes données « inoffensives » seront utilisées contre-vous lors d’une recherche d’emploi, une demande de crédit ou une affiliation à une association/club par exemple.
Une initiative populaire pour la souveraineté numérique suisse a donc été lancée (https://swissdatasovereignty.ch/). Ce qui est demandé est logique dans le contexte économique actuel:
1. Un cloud souverain suisse
2. Mobiliser les acteurs suisses du cloud
3. Une souveraineté numérique suisse garantie
Aujourd’hui, l’écologie et les droits humains sont au centre des discussions et un changement sociétal est évidemment non-négociable. N’oublions pas que nous sommes la génération de l’industrie 4.0 ou 4ème révolution industrielle et que les données sont l’or de notre ère donc agissons en conséquence et dans la limite du possible, ne laissons pas nos informations dans les mains de n’importes quelles entreprises.